“La Belgique est le pays européen le plus au point sur le vote électronique”
"Quant à la Belgique, c’est le pays européen le plus au point sur le vote électronique. Cela s’explique par la coexistence de trois langues dans le pays, par la multiplication des situations de scrutin, et par le fait que le vote soit obligatoire. En 2006, la quasi-totalité des Belges utiliseront le vote électronique".
Volià ce que répond, dans un article du "journal du net" http://www.journaldunet.com/0503/050307jubert.shtml
M. Francis Jubert auteur d’un ouvrage sur l’e-administration et secrétaire général du cabinet de conseil EDS à la question : "La France est selon vous sur la bonne voie en matière d’administration électronique, mais vous estimez qu’il reste beaucoup à faire pour rattraper certains pays, comme la Belgique ou le Canada. Quel est le degré d’avance de ces pays ? »
Commentaires
Le pays le plus mal en point concernant le vote électronique n’est sans doute pas la Belgique mais bien les Pays-Bas dont près de 100 % des électeurs sont obligés d’utiliser un système de vote électronique que les parlementaires irlandais ont refusé d’utiliser par manque de possibilité de contrôle citoyen.
Nulle part en Belgique les trois langues coexistent. Seulement à Bruxelles et dans quelques communes à statut spécial, deux langues coexistent. Cela n’a jamais posé de problème pour les bulletins de vote papier... mais un peu plus pour le vote électronique avec la multiplication des écrans présentés à l’électeur ; ce qui engendre les files maintenant habituelles là où l’on vote électroniquement. En Belgique on peut voter pour un candidat du rôle linguistique néerlandophone avec des écrans en français... et inversément. Sur un bulletin de vote papier, il y a assez peu de texte... le vote électronique étant bien plus compliqué pour l’électeur, il nécessite des instructions bien plus complexes qui doivent être traduites.
En simplifiant, en Belgique, nous avons 6 types d’élections (à un seul tour) qui concernent toutes le pouvoir législatif :
communales
provinciales
régionales
fédérales (Chambre)
fédérales (Sénat)
européennes.
... et même un septième type pour les électeurs de la petite région linguistique de langue allemande qui élit son "parlement communautaire" au suffrage universel.
Cela peut paraître beaucoup, mais les élections sont souvent simultanées :
communales et provinciales tous les 6 ans ;
européennes et régionales tous les 5 ans ;
fédérales (Chambre et Sénat) tous les 4 ans.
En vote papier distribuer un, deux ou trois bulletins de vote en fonction du type d’électeur (belge, européen non-belge ou autre) ne pose pas de problème particulier. Avec le vote électronique, donner une carte magnétique initialisée de façon particulière pose un grand problème non résolu concernant le respect du secret du vote.
Le fait que le vote soit obligatoire ne pose pas de problème particulier ; d’autres pays où le vote n’est pas obligatoire mais bien électronique ont beaucoup de difficultés à déterminer le nombre de machines à voter à acheter.
En 2006, il n’y aura probablement que peu de changement du nombre d’électeurs votant électroniquement. Depuis les élections de 1999, seule une minorité de 44% vote électroniquement et ce nombre semble sur le point de diminuer plutôt que d’augmenter.
Le plus important à savoir est qu’aucune de ces raisons ont été invoquées pour introduire le vote automatisé en Belgique. Les arguments pour le vote électronique se sont presque tous révélés faux :
Le vote électronique en Belgique coûte 3 fois plus cher que le vote papier.
Le vote électronique ne donne pas des résultats beaucoup plus rapidement et parfois on doit attendre l’analyse des experts pour espérer avoir des résultats qui ne sont pas mathématiquement impossibles ou inexplicables.
Quelqu’un en Belgique veut réécrire l’histoire en inventant des raisons pour utiliser le vote électronique et veut prédire l’avenir en prenant ses rêves pour des réalités.
M. Francis Jubert est sans doute mal informé ou trop intéressé à vendre de l’e-nimportequoi.
David GLAUDE