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Visualisation du vote, une fausse garantie pour l’électeur.


La “visualisation du vote” est la possibilité, introduite dans le système belge de vote électronique depuis les élections d’octobre 2000, de pouvoir afficher le contenu d’une carte magnétique lorsque celle-ci est réinsérée dans une machine à voter. En pratique, le code électoral prévoit que c’est obligatoirement sur la même machine à voter que cette vérification devra se faire.

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L’origine de la Visualisation du vote

Le collège des experts a demandé dans son premier rapport RAPPORT CONCERNANT LES ÉLECTIONS DU 13 JUIN 1999 plus de transparence afin que l’électeur puisse vérifier le contenu invisible de la carte magnétique (point 6.1.1.3). [1]

Ils commentent dans le rapport suivant RAPPORT CONCERNANT LES ÉLECTIONS DU 8 OCTOBRE 2000 la solution de "Visualisation du vote" mise en oeuvre dans les logiciels en réponse à leur demande (point 6.1.1.3.1). [2]

Le problème est ailleurs

Ce que l’on comprend immédiatement à la lecture des rapports des experts, c’est que l’on veut augmenter le sentiment de confiance de l’électeur et non la sécurité du système.

Avant d’analyser pourquoi la relecture de la carte magnétique que ce soit sur la même machine ou une autre machine ne garantit rien, il faut d’abord comprendre que le plus important c’est ce que fait l’urne et le programme de totalisation.

Si l’urne électronique ne compte pas réellement ce qu’il y a sur la carte magnétique ou profite du passage de la carte magnétique dans l’urne pour modifier le contenu de la carte, alors toute visualisation dans l’isoloir n’est qu’illusion.

Si le contenu de la disquette n’est pas conforme au contenu de l’urne ou que le programme de totalisation n’est pas digne de confiance, alors toute vérification de l’électeur est superflue.

Un problème d’ergonomie

En réinsérant sa carte magnétique dans la machine à voter, le vote inscrit sur la carte magnétique est affiché à l’écran...

Le problème d’ergonomie est qu’en présentant le vote exactement sous la même forme visuelle que la façon dont le vote a été exprimé, cela ne permet pas de détecter une erreur de compréhension de l’interface graphique de vote.

Imaginez une personne qui confond les colones et au lieu de voter à droite du nom du candidat, vote à gauche de ceu nom. A la visualisation de son vote, il commettra la même erreur.

Faire confiance a un programme pour vérifier son fonctionnement

Le problème fondamental est que pour vérifier ce qu’a inscrit la machine à voter sur la carte magnétique on demande au même programme de nous réafficher son contenu.

On peut supposer que si la machine nous a trompé en inscrivant autre chose que notre vote sur la carte magnétique, elle nous mentira probablement aussi en affichant ce que nous nous attendons à y voir.

Changer de machine à voter n’améliore rien puisque toute les machines à voter contiennent le même programme.

Conclusion

La visualisation du vote est une fausse garantie, une illusion de sécurité mise en place pour rassurer l’électeur mais qui n’apporte rien ou presque rien en terme de sécurité informatique du système de vote électronique belge.

Depuis les élections d’octobre 2000, le Ministère de l’Intérieur profite de chaque occasion pour vanter les mérites de cette possibilité et les journalistes reprennent en coeur cette information sans aucun esprit critique.

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[16.1.1.3. Accroissement de la transparence pour l’électeur

La critique fondamentale que l’on peut formuler à l’égard du vote électronique est l’absence de transparence pour l’électeur. Son vote est digitalisé et converti dans des champs magnétiques invisibles sur des disquettes et des cartes magnétiques. Pour ces motifs, des mesures visant à favoriser la confiance de l’électeur doivent être prises afin d’accroître la transparence des opérations. Il ne faut pas pour autant renoncer aux systèmes de vote électronique existants.

- Possibilité de contrôle pour l’électeur

Chaque bureau de vote pourrait être équipé d’un appareil de lecture indépendant. L’électeur aurait alors la possibilité, après avoir exprimé son vote, de vérifier sur un appareil séparé si ce qui est enregistré sur la carte correspond effectivement à son vote. A noter que dans ce cas, le problème de l’enregistrement partiel d’un vote combinant « tête de liste » et un vote pour des candidats, doit de nouveau être étudié (voir 5.1.1.9. Les contrôles après le jour du scrutin et 5.1.2.5. Les contrôles après le jour de l’élection). Le seul fait de prévoir une possibilité de contrôle stimulerait fortement la confiance de l’électeur. L’invisibilité du vote dans les systèmes de vote électronique n’est par ailleurs pas un but en soi mais une conséquence de l’implémentation technique choisie.

[26.1.1.3.1 Possibilité de contrôle pour l’électeur

Suite aux recommandations du rapport précédent du collège des experts, la possibilité pour l’électeur de visualiser son vote a été offerte pour la première fois à l’occasion des élections du 8 octobre 2000. Depuis lors, après avoir émis son vote, l’électeur a la possibilité de réintroduire sa carte dans la machine à voter ; le contenu en est lu et reproduit à l’écran.

Cette nouveauté est un pas important dans l’accroissement de la transparence pour l’électeur. Il peut maintenant constater de ses propres yeux que son vote a été enregistré correctement. Malheureusement, la publicité faite autour cette possibilité fut insuffisante au point que la plupart des électeurs n’en étaient pas conscients.

Il peut cependant subsister auprès de certains électeurs un doute. Alors qu’aucune raison technique ne l’impose, la procédure prévoit que la visualisation de la carte magnétique se fait sur la même machine que celle utilisée pour l’émission du vote. Il peut donc subsister dans le chef de l’électeur la possibilité théorique que la machine utilisée ait conservé en mémoire le vote émis et l’affiche correctement tout en écrivant autre chose sur la carte. Les contrôles effectués par le collège des experts ont explicitement démontré que tel n’est pas le cas et que le vote visualisé est bien celui enregistré sur la carte magnétique.

Néanmoins, la confiance de l’utilisateur serait accrue si la visualisation avait lieu sur une machine différente et donc indépendante dans le bureau de vote, conformément avec les recommandations précédentes du collège des experts.

En conséquence, il faut donc faire un choix entre d’une part, la transparence accrue par une visualisation indépendante, et d’autre part, le coût d’une machine supplémentaire et un ralentissement éventuel des opérations de vote.