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11/06/2011: Le « stylo intelligent » pour voter : une vraie fausse bonne idée ?


Le gouvernement wallon a chargé le ministre Paul Furlan de travailler
au développement d’un système de « voting pen » et de chercher un
accord intra-belge sur cette solution en vue des élections régionales
(et européennes) de 2014.

Technologiquement en quoi consiste le stylo intelligent ?

Le stylo intelligent écrit normalement sur une feuille spécialement
imprimée mais, en plus, il détecte et enregistre dans le temps
l’ensemble des positions absolues sur cette feuille lorsqu’une
pression est exercée sur la mine. Pour ce faire, le stylo intelligent
possède une caméra qui filme et analyse une trame de points gris
clairs imprimée sur la feuille et qui lui permet de déterminer sa
position absolue sur la feuille (chaque combinaison de points
identifiant une position précise). Afin de récupérer le tracé
effectué par le stylo sur la feuille et chargé dans sa mémoire, il
faut connecter le stylo intelligent à un ordinateur au moyen d’une
connexion USB.

Dans les usages habituels, le tracé du stylo est transformé en fichier
PDF imprimable. Dans un usage électoral (une première à notre
connaissance), l’ordinateur doit déterminer pour qui l’électeur a
voté.

Quelques problèmes posés par le << stylo intelligent >>.

  1. Le crayon intelligent n’a qu’une vision théorique de ce qui est
    inscrit sur le bulletin de vote.
    — Si l’électeur utilise un autre stylo que le stylo intelligent pour
    exprimer son vote, ce vote est inconnu du crayon intelligent qui
    comptera ce vote comme un vote blanc alors qu’un comptage humain le validera vraissemblablement.
    — Si l’électeur invalide son bulletin (déchirure, pliage particulier,
    inscription) mais vote valablement avec le crayon intelligent,
    celui-ci considèrera le vote comme valable alors qu’un comptage humain
    l’annulera certainement.
    — Si l’encre ne sort pas du stylo intelligent, celui-ci peut enregistrer
    qu’un vote a été émis alors qu’il n’y a aucune inscription visible sur
    le bulletin de vote.
    — Le stylo intelligent est prévu pour une feuille blanche (à
    l’exception de la trame de points gris clair) et a des difficultés pour
    connaître sa position si on écrit sur une zone imprimée du bulletin
    (surligner le logo d’un parti par exemple).
    — Le stylo intelligent (le programme qui lit son contenu) doit
    déterminer l’intention de l’électeur et si celle-ci est bien claire.
    On demande donc à l’ordinateur de déterminer si la case de vote est
    suffisamment remplie et s’il n’y a pas trop de débordement. Selon
    nous, cette tâche ne peut être remplie que par les assesseurs de
    dépouillement qui eux seuls peuvent juger de l’intention de l’électeur
    ou de la nullité du bulletin de vote.
  2. La trame de points gris est invérifiable par le citoyen.
    — Si une erreur d’impression (ou une fraude) fait en sorte que la
    même trame de points supposée présente dans la case de vote d’un
    candidat/parti X est également recopiée sous d’autres
    candidats/partis, alors ceuxi-ci récupéreraient indûment ces votes. En
    effet le stylo intelligent est trompé sur sa position.
    — Il n’y a pas de moyen simple pour les assesseurs ou un citoyen de
    déterminer si un bulletin de vote est bien conforme.
  3. Un gadget qui ne sert qu’une fois et vieillit mal
    — Le stylo intelligent utilisé dans le cadre d’une élection ne sera jamais utilisé à d’autres fins, comme c’est le cas pour les ordinateurs de vote. On peut donc le considérer comme un gadget électoral qui ne pourra être réutilisé qu’à l’élection suivante.
    — Le stylo intelligent fonctionne à l’électricité. Soit les piles
    doivent être remplacées, soit il doit être rechargé. Si on utilise des
    piles, il faudra, par sécurité, à chaque élection, les remplacer toutes. Si le stylo est rechargeable, il risque de mal résister à de longs mois sans utilisation ni rechargement et défaillir le jour où on en a le plus besoin.
  4. Afin de garantir le secret du vote, le stylo intelligent doit après
    chaque vote être connecté à un ordinateur, son contenu doit être lu
    puis effacé :
    — Comment gérer pratiquement ces manipulations ?
    — Comment garantir à l’électeur que son vote est bien enregistré et
    pas celui de l’électeur précédent ?
    — Comment garantir que le secret de son vote est respecté ?

Conclusion

Le stylo intelligent a le seul l’avantage de produire des bulletins
papier presque traditionnels, vérifiés par l’électeur et qui peuvent
être recomptés. Mais ce recomptage n’a de sens que s’il est fait dans
tous les bureaux de vote de manière effective et efficace pour pouvoir
détecter toute erreur informatique ou toute fraude.

Pour l’électeur rien ne semble changer par rapport au vote traditionnel ; il reste accessible à tous sans créer de nouvelle discrimination parmi les électeurs.

Mais le contenu du stylo intelligent, ce qu’il enregistre et ce qui est
fait de cet enregistrement reste totalement invisible et invérifiable par les citoyens ( électeurs, assesseurs et témoins de partis).

Bref pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, les membres
de PourEVA ont un a priori très négatif sur cette nouvelle technologie
élective qui ne donne pas le contrôle aux citoyens-assesseurs.