18/10/2012: La sensible question des écrans tactiles qui influencent le résultat
En Flandre, certains candidats peu connus et n’ayant pas fait campagne obtiennent des scores en vote de préférence dépassant les Bekende Vlamingen sur les listes. La faute est attribuée à la sensibilité des écrans tactiles.
Vous trouverez ci-dessous plus d’explications sur ce qui s’est vraisemblablement produit, mais surtout une conclusion qui montre que les électeurs ne vérifient pas la “preuve papier” du nouveau système de vote électronique testé pour la première fois dans 151 communes flamandes et 2 communes bruxelloises.
Un problème généralisé au nouveau système Smartmatic
D’abord, le problème n’est pas présent qu’en Flandre. A Bruxelles aussi, ce sytème a été utilisé (dans 2 communes) et la sensibilité des écrans tactiles (et la mauvaise programmation des ordinateurs de vote) a pu induire certains problèmes.
Dimanche vers 22h00, M. Draps, actuel bourgmestre de Woluwe-Saint-Pierre (une des deux communes utilisant le nouveau système de vote électronique), était interrogé par Télé-Bruxelles. En effet, malgré la mise en place du nouveau système de vote électronique avec code barre, le résultat de l’élection n’était toujours pas connu pour sa commune.
Il répétait les informations reçues par les responsables de l’informatique.
Suite à des problèmes, certaines urnes devaient être "re-scannées", et cela prendrait selon les estimations encore une heure à une heure et demie.
Plus inquiétant, il explique un problème que de nombreux électeurs ont rencontré.
A Bruxelles, bilinguisme oblige, il faut d’abord choisir dans quelle langue on veut que l’ordinateur de vote s’exprime.
Après cette première étape, on choisi le parti pour lequel on veut voter (ou celui dont on veut consulter la composition).
De nombreux électeurs seraient passés "directement" du premier au troisième écran et se sont trouvés devant le choix des votes de préférence d’une list qu’il n’avaient pas choisie.
Là surpris, l’électeur demande de l’aide du président de bureau de vote, ou découvre par lui-même comment corriger et revenir au choix du parti.
Il y a peut-être eu pour le parti ainsi présenté un certain nombre d’électeurs qui n’ont pas su comment corriger et n’ont pas osé demander de l’aide pour éviter que le secret de leur vote ne soit pas respecté.
Comment est-ce possible ?
Contrairement au vote par crayon optique où il faut appuyer (mais pas trop fort) sur l’écran pour faire une sélection, avec un écran tactile, il suffit que le doigt soit suffisamment près de l’écran pour que celui-ci considère que l’on a sélectionné quelque chose.
Tout qui a déjà utilisé un smartphone a déjà pu constater dans certaines applications mal écrites le phénomène où on passe directement deux écrans.
Au lieu de cliquer une fois, en laissant sa main trop près de l’écran ou suite à un léger tremblement, on peut transmettre deux clics à l’ordinateur là où l’on ne veut en transmettre qu’un seul.
A Bruxelles, c’est l’écran présentant la liste des partis en compétition qui suit directement l’écran de sélection de la langue (sans confirmation ?).
Résultat, on peut rapidement, sans le vouloir, se retrouver dans l’écran du parti qui se trouvait directement derrière l’écran du choix de la langue. Ce parti se trouve alors “avantagé” et pourrait recevoir plus de votes que prévu. Certains penseront à un complot pour favoriser tel ou tel parti, d’autres demanderont de l’assistance au président de bureau et perdront le secret de leur vote.
En Flandre, où les ordinateurs de vote s’expriment uniquement en néerlandais, le premier écran est celui du choix du parti et le deuxième écran celui du choix du ou des votes de préférence (ou vote en case de tête).
On peut donc être favorisé si on se trouve être le candidat directement derrière l’endroit de l’écran que l’électeur vient de “toucher”.
Le candidat heureux qui récoltera ainsi plus de voix de préférence est donc différent d’une liste à l’autre et d’une commune à l’autre en fonction du nombre de listes, de la position de la liste sur l’écran et de la position du candidat sur l’écran des votes de préférence.
Il est plausible que certains électeurs n’aient pas détecté ce “double clic” et ne se soient même pas rendus compte d’avoir effectué ce vote de préférence.
De la même manière, l’électeur peut, s’il “tremble" légèrement, sélectionner puis directement désélectionner un candidat pour lequel il voulait voter. Ce risque a été documenté avant l’élection lorsque des tests ouverts à tous. (voir Ils ont testé pour nous le nouveau système de vote).
Conclusion : le ticket n’est majoritairement pas vérifié par l’électeur
Revenons à ces électeurs flamands qui ont donné par “une erreur de manipulation” un vote à un candidat qu’ils ne connaissent même pas.
En principe, ces électeurs auraient dû se rendre compte de leur erreur lors de la confirmation du vote et à la lecture du ticket de vote, juste avant de le replier pour sortir de l’isoloir.
Le fait qu’il ne l’ont pas constaté prouve donc qu’une grande partie des électeurs ne vérifie pas le ticket de vote. Soit ils en sont incapables car l’impression est trop petite et donc illisible pour eux, soit ils n’ont pas vérifié. La preuve papier est donc inopérante et inutile.
Tous les fraudeurs potentiels du pays sont maintenant avertis. Ils peuvent facilement modifier le vote de 1 électeur sur 10, il y a une faible probabilité que cela soit remarqué.
CONCLUSION : à ce jour, seul le papier et un crayon peuvent garantir que le vote est bien l’expression de la volonté de l’électeur et seul un comptage manuel permet de garantir le résultat de l’élection.