08/01/2014: Réaction à l’article "1,27 € à payer si vous votez électronique"
Réaction de PourEVA à l’article paru en page 8 du journal La Meuse de ce 8 janvier 2014 : "1,27 € à payer si vous votez électronique" (envoyée par mail au journaliste signant l’article)
Un résumé de cet article est disponible en ligne et vous pouvez consulter le dossier complet en achetant la version numérique.
Cet article a retenu toute notre attention, il pêche néanmoins par quelques aspects :
Ce que dit Philippe Dodrimont (MR, "député wallon et bourgmestre d’Aywaille") est contraire à la vérité :
- les pouvoirs communaux ont choisi d’imposer à leurs citoyens le vote électronique ;
- en juillet 2009, l’accord de majorité wallonne décidait de "mettre fin à l’expérimentation actuelle du vote électronique en Wallonie afin de renforcer le contrôle démocratique sur l’organisation des élections communales et provinciales" ;
- mais contrairement à cette volonté politique claire, les 39 communes wallonnes ont décidé (en vertu de la souveraine "autonomie communale"), en septembre 2011, de poursuivre, à leurs frais, cette expérimentation. Les données étaient pourtant claires : le surcoût (par rapport au vote "papier") était à charge de la commune.
Contester aujourd’hui la conséquence (financière) du choix opéré par les autorités communales, et tenter de rejeter sa propre responsabilité sur d’autres niveaux de pouvoirs est inqualifiable !
La commune d’Aywaille, tout comme Liège, Herstal, Seraing, Ans... avait la possibilité d’abandonner l’expérimentation électronique pour les élections de 2012, et donc de ne pas devoir payer de surcoût. Elle ne l’a pas fait !
En ce qui concerne Liège, c’est beaucoup plus complexe :
que Julie Fernandez Fernandez encense le vote électronique n’est pas surprenant. En Commission de l’Intérieur du Parlement fédéral, son intervention du 5 décembre dernier est ainsi relatée : "Mme Julie Fernandez Fernandez (PS) est d’avis que le présent projet est un projet important pour moderniser les opérations de vote et garantir que cette obligation citoyenne soit perçue comme simple, rapide et efficace par l’ensemble des électeurs."
Pourtant, nous sommes convaincus que "moderniser" au détriment des principes démocratiques n’est guère progressiste.
Sa déclaration "A Liège, le choix a clairement été fait de maintenir le vote électronique et on ne va pas le remettre en cause" nous interpelle grandement. Savez-vous quand cette "décision" aurait été prise ?
Le positionnement du bourgmestre, Monsieur Demeyer, est par contre plus confus. En septembre 2012, candidat bourgmestre, il écrivait à l’association PourEVA : "la position du PS liégeois n’a pas changé depuis la décision prise à l’unanimité par le conseil communal en 2006, au lendemain des élections, dans laquelle nous demandions la révision, dès que possible, du mode de scrutin à Liège et la mise en place d’un nouveau système permettant un dépouillement rapide, peu coûteux et démocratique."
La résolution communale de novembre 2006 dit exactement ceci : "Attendu que lors du vote communal de ce 8 octobre 2006, le dépouillement électronique des 148 bureaux de vote a été l’objet de plusieurs incidents ; attendu que l’informatisation du scrutin minimise la possibilité de contrôle par les témoins de parti ; attendu que les résultats finaux sont arrivés avec un retard important ; attendu que selon les dires du Ministre responsable, le coût du vote électronique est trois à quatre fois plus élevé que celui du vote papier ; en conséquence, le conseil communal de Liège demande la révision, dès que possible, du mode de scrutin à Liège et la mise en place d’un système de vote permettant un dépouillement rapide, peu coûteux et garantissant un contrôle démocratique efficace".
Il y a donc lieu de s’interroger sur la constance, voire la cohérence, du PS liégeois !
Ajoutez à tout cela que nous sollicitons depuis le 17 janvier 2013 (!) une rencontre entre PourEVA et le bourgmestre de Liège, et que nous n’avons pas eu, depuis 1 an, le moindre retour, on peut s’interroger sur la réelle volonté de respecter cette motion communale adoptée à l’unanimité du conseil !
Par ailleurs, rappelons que le 18 mai 2005, Monsieur Courard, alors Ministre régional des Affaires intérieures, déclarait déjà au Parlement wallon : "le coût du vote électronique pour les élections 2006 s’avère très élevé. Il s’élèverait à 3,8 millions d’euros afin de rendre le matériel opérationnel, 5 millions pour renouveler le matériel et de 23 millions pour étendre le système de façon générale à l’ensemble des communes wallonnes. Je suis convaincu que cet argent peut être utilisé à de meilleures fins. S’il est vrai que le vote électronique est un symbole de modernité que nous ne pouvons pas rejeter, il faut tout de même se poser des questions lorsque cette modernité augmente les coûts des élections de 3 à 6 fois. N’est-ce pas cher payer pour gagner trois à six heures sur ce dépouillement manuel ? De plus, des doutes persistent quant à la fiabilité du système et quant à la réelle transparence du processus. Je ne me sens donc pas prêt à demander aux communes de « banquer » sans autres garanties."
Tout sur le Surcoût du Vote électronique pour la Wallonie.