16/06/2016: Réaction de PourEVA aux propos de M. Delwit dans Le Soir
Dans son édition du 14 juin 2016, le quotidien Le Soir revient sur les récentes décisions votées en Commission au Parlement Bruxellois.
Il y propose en fin d’article une interview de l’universitaire Pascal Delwit.
PourEVA réagit aux nombreux propos inexacts tenus par M. Delwit.
Pascal Delwit (ULB) : « Il n’y a pas de déficit démocratique »
Un système de vote électronique avec ticket à Bruxelles. Et un retour généralisé au papier, en Wallonie. Une situation particulière, mais qui ne crée pas de déficit démocratique, ni pour une région, ni pour l’autre, selon Pascal Delwit, professeur de sciences politiques à l’Université Libre de Bruxelles.
Le fait qu’il y ait un système en Wallonie et un autre à Bruxelles, cela ne pose pas de problème ?
Non, la Belgique est déjà morcelée. A Bruxelles, on vote de manière électronique. En Flandre, c’est le cas dans la majorité des communes. Et en Wallonie, le vote papier domine. Il faudra donc s’habituer à des soirées électorales en Wallonie et des après-midi électorales à Bruxelles et en Flandre, car le dépouillement est en principe plus rapide avec le vote électronique. Rappelons qu’en 2007, la soirée électorale s’est terminée avant qu’on sache que le PS était devant le MR en Wallonie.
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L’article intégral est lisible ici (pour les abonnés) :
http://plus.lesoir.be/45449/article/2016-06-14/bruxelles-refuse-le-retour-au-vote-papier
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Voici notre réaction :
M. Delwit, nous lisons souvent avec intérêt vos interventions dans Le Soir. Nous avons cependant été consternés par les propos que l’on vous a prêtés dans l’édition de ce matin.
Hormis que nous ne comprenons pas bien la notion de “déficit démocratique” dans une comparaison entre les choix faits par la Wallonie et Bruxelles en matière électorale, nous sommes frappés par l’inanité des questions que l’on vous a posées et auxquelles vous avez accepté de répondre.
En quoi la “résistance sociale par rapport au vote électronique” est-elle pertinente à ce sujet ? Il ne faut pas faire une coûteuse étude sociologique pour conclure que si l’on demandait au Belge moyen s’il n’aimerait pas encore mieux de voter par SMS comme il le fait déjà pour The Voice, les réponses serait massivement positives.
Les élections sont un des (trop) rares moments où l’on rappelle aux citoyens qu’ils vivent en démocratie. Quel besoin est-il de rapidité pour entendre des résultats qui mettent parfois 541 jours pour donner un résultat concret ? Est-on honteux à ce point de ce processus que l’on souhaite l’escamoter aussi vite que possible ? Inclure les citoyens, surtout les jeunes, dans le processus est une condition nécessaire (même si insuffisante) pour les ramener à la chose politique.
Affirmer d’un système qui ne permet aucun contrôle citoyen sur les résultats qu’il ne présente pas de “déficit démocratique” n’est pas une erreur, c’est une faute.
Faut-il vous rappeler qu’une erreur de logiciel en mai 2014 a fait que l’on ne connaitra jamais le résultat réel de ces élections ? Les politiciens (élus) se sont empressés d’expliquer que cela n’avait de toutes manières eu aucune influence sur le résultat (assertion certainement fausse pour les élections à Eupen et sans doute pour celles à Bruxelles). Comme c’est à eux qu’est revenue la décision finale quant à la validité de ces élections faussées, le peuple a été informé que les élus avaient décidé qu’ils méritaient leur siège. Et certains se demandent pourquoi tant de gens se détournent de la chose politique...
Nous supposerons que le journaliste de service vous a surpris à l’improviste sur un sujet qui n’est pas votre préoccupation quotidienne. Il vous a donc sans doute échappé que la majorité bruxelloise (plus tous les Flamands et… les libéraux) a adopté en Commission un projet d’ordonnance qui ne consacre pas une ligne sérieuse au contrôle des erreurs (involontaires ou non) lors d’un scrutin électronique ; il s’y trouve bien quelques voeux pieux mais qui ne seront, comme d’habitude, pas suivis d’effet puisque pas organisés.
Enfin, nous voudrions vous dire la peine que nous avons eue à lire votre phrase : “[…] même si un segment de la population s’interroge sur la question du contrôle. Mais c’est un groupe très politisé et assez limité”.
Que voulez-vous dire ? Est-il anormal qu’un groupe “politisé” se préoccupe de politique ? Les députés bruxellois qui vont replonger leurs concitoyens dans le Barnum électronique ne sont-ils pas eux-mêmes “politisés” ? Mais pire encore, vous dites : “très politisé”. Vous voulez sans doute dire qu’il s’agit de dangereux extrémistes, des fanatiques de la démocratie peut-être ? Vous nous rassurez cependant en affirmant que ce groupe très politisé est “assez limité”. Pourriez-vous nous indiquer dans quelle étude, universitaire ou non, vous avez trouvé les chiffres vous permettant d’affirmer cela ?
Recevez, cher Monsieur, l’expression de nos meilleures salutations démocratiques.